2008 : l'année du "début de la fin" du nucléaire ?
Actualité sur le nucléaire > 2008 : Quel avenir pour le nucléaire ?
On peut véritablement parler d'une année 2008 exceptionnelle, et peut-être même décisive pour l'avenir du nucléaire, même s'il faudra attendre plusieurs mois pour que puisse se dégager une tendance claire.
1/ Les évènements à la centrale nucléaire duTricastin
Les évènements au Tricastin (en particulier la fameuse fuite d'uranium du 7 juillet) et sur d'autres sites en France (Romans sur Isère, Cruas, etc) et à l'étranger (incidents graves en Belgique, Espagne, Allemagne, etc) ont marqué l'opinion publique et réduit à néant plusieurs années de campagnes publicitaires d'Areva et d'EDF, sans oublier les discours des principaux dirigeants politiques, visant à faire du nucléaire une énergie "propre et renouvelable". La réalité a refait surface ; le nucléaire est dangereux, sale et polluant.
2/ Les déroutes des deux chantiers EPR
Le chantier de Finlande (géré par Areva) et celui de Flamanville (géré par EDF) se sont livré tout au long de l'année à une incroyable rivalité… pour annoncer de lourds surcoûts et de forts dérapages de calendrier, sur fond de déconvenues industrielles. Les éventuels acheteurs d'EPR ont bien sûr constaté cette déroute de l'industrie nucléaire française. L'avenir de l'EPR est sûrement déjà obéré...
3/ Le dossier inextricable des déchets radioactifs
Alors que l'affaire de la mine de sel de Asse (Allemagne) est un scandale de grande ampleur, la France recherche aussi un site pour enfouir des déchets nucléaires : premier effet, de solides mobilisations antinucléaires ! Pendant ce temps, le dossier du site de Yucca Mountain (USA) continue de s'enliser. Après 50 ans de belles promesses, le dossier des déchets radioactifs est toujours au point mort. Une bonne raison (parmi d'autres) pour arrêter d'en produire...
4/ L'élection d'Obama au USA
Il faut rester prudent, il serait surprenant que la future administration US soit résolument… antinucléaire. Pour autant, on ne peut que se réjouir de la défaite de Mc Cain qui annonçait la construction de 45 nouveaux réacteurs. La future adminsitration Obama annonce prioritairement des investissements dans les énergies renouvelables. A suivre...
5/ La crise économique mondiale
La crise économique mondiale est peut-être en passe de réduire à néant les velléités de "renaissance du nucléaire" : d'ores et déjà, l'Afrique du Sud a annulé les 12 réacteurs qu'elle prétendait construire. Ce n'est certainement qu'un début : le nucléaire nécessite de très lourds investissements de départ pour un retour sur investissement 20 ou 30 ans plus tard : une éternité pour un marché qui (sur)vit au jour le jour…
6/ La fuite en avant d'EDF et Areva
EDF et Areva sont engagés dans une véritable fuite en avant, multipliant les investissements ruineux pour répondre à une "renaissance du nucléaire"... qui n'aura très probablement pas lieu. Fin 2008, EDF a ainsi racheté au prix fort British Energy (et ses vieux réacteurs!) puis les activités nucléaires de l'américain Constellation (avec, là aussi... des vieux réacteurs). De même Areva lance la construction de diverses usines, en France et à l'étranger, pour fabriquer les composants de supposés futurs réacteurs. EDF et Areva appartenant à l'Etat, ce sont les citoyens de France qui risquent bien de payer la lourde facture qui s'annonce.
7/ Et un crack nucléaire en bourse :
en 2008, EDF et Areva ont perdu respectivement 50% et 60% de leurs valeurs. Certes, avec la crise mondiale, la plupart des entreprises ont fortement baissé mais, loin de surnager (ce qui devrait être le cas pour des valeurs "d'avenir"), EDF et Areva sont les champions... des pertes !
8/ Une bonne reprise des mobilisations antinucléaires :
journées décentralisées (Chernobyl day, "Ni nucléaire ni effet de serre", mobilisations contre l'enfouissement des déchets), manifestation nationale (12 juillet… en pleine crise du Tricastin !), etc. Mais aussi 15 000 personnes en Allemagne contre un train de déchets radioactifs. Le Réseau "Sortir du nucléaire" fédère désormais 840 associations et groupes : un chiffre en augmentation continue depuis la création du Réseau il y a dix ans…
Source : le réseau Sortir du nucléaire
Pour en savoir plus : http://sortirdunucleaire.org/