Du plutonium dissimulé à Cadarache (Bouches-du-Rhône)
30 kg de plutonium "en trop" : l'équivalent de 6 bombes atomiques
AFP - 14 octobre 2009 - MARSEILLE - L'Autorité de Sûreté nucléaire (ASN) a décidé de classer au niveau 2 de l'échelle Ines un incident survenu sur un site du Commissariat à l'Energie atomique (CEA), à Cadarache (Bouches-du-Rhône) et a ordonné l'arrêt des travaux sur cette installation en cours de démantèlement, selon un communiqué diffusé mercredi.
La semaine passée, le CEA avait indiqué qu'il avait signalé à l'ASN un incident constaté lors d'opérations d'assainissement de son atelier de technologie du plutonium, à l'arrêt depuis 2003, et situé à Cadarache.Le CEA affirmait avoir repéré des dépôts de plutonium supérieurs à ses prévisions, lors du démantèlement de boîtes à gants, enceintes étanches permettant d'accéder de façon sécurisée à des zones contenant de la matière nucléaire.
Dans un communiqué, l'ASN souligne que les dépôts "évalués à environ huit kilos pendant la période d'exploitation de l'installation" étaient en fait "de l'ordre de 22 kilos et le CEA estime que la quantité totale pourrait s'élever à près de 39 kilos"."L'ASN (...) a suspendu les opérations de démantèlement dans l'installation et a soumis leur reprise à son accord préalable", précise le communiqué qui insiste sur le décalage entre le signalement de l'incident par le CEA (le 6 octobre) et la connaissance du problème (juin).
"Ce délai est tout à fait inacceptable", a commenté Laurent Kueny, chef de la division de Marseille de l'ASN, qui pointe par ailleurs un "problème de méconnaissance partielle" des données concernant les quantités de matière présente.Contacté par l'AFP, le CEA a expliqué avoir déclaré l'incident en octobre, préférant "attendre d'avoir une vision globale des stocks" de matière."Nous sommes de bonne foi dans cette affaire", a plaidé Henri Maubert, un porte-parole du CEA.
Créé en 1964, l'installation en question baptisée ATPu a eu pour activité principale la production de combustible MOX pour les réacteurs nucléaires. Son activité industrielle a été arrêtée en 2003 et elle était en cours de démantèlement depuis mars 2009.
Une transparence à nouveau remise en cause
Le réseau Sortir du nucléaire déclare dans un communiqué :
Les graves fautes commises par le Commissariat à l'énergie atomique (CEA) dans son site nucléaire de Cadarache (15 à 30 kg de plutonium "en trop" trouvés dans l'Atelier de plutonium) posent des questions très importantes et illustrent parfaitement la réalité du nucléaire en France :
- L'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) est incapable de se faire respecter et d'assurer le contrôle des activités nucléaires. Ainsi, le fameux Atelier, où le plutonium "en trop" vient d'être "découvert", a été contrôlé à de nombreuses reprises ces dernières années. Vainement, de toute évidence.
- fin 2004, Areva a rouvert l'Atelier de plutonium pour y traiter une cargaison de plutonium américain, alors que la fermeture censément "définitive" de cet Atelier avait été obtenue par l'ASN quelques mois plus tôt.
- Il est légitime de se demander si le plutonium excédentaire trouvé à Cadarache ne provient pas de ce "trafic" de plutonium de 2004 entre Areva et les Etats-Unis. Des mesures policières et militaires avaient alors été déployées pour empêcher tout regard citoyen sur ces transferts de plutonium.
La "transparence" dans l'industrie nucléaire ne semble toujours pas d'actualité. (en savoir plus sur le nucléaire et la démocratie)
C'est une des raisons, avec les risques d'accident nucléaire, la production de déchets radioactifs, la prolifération à des fins militaires, qui justifient la nécessité de sortir au plus vite du nucléaire.
Pour en savoir plus : http://sortirdunucleaire.org/