La sortie du nucléaire en 10 ans

quelles alternatives au nucléaire ?

On laisse souvent entendre que le nucléaire est en France un mal nécessaire parce qu’il produit 78 % de l’électricité. Pourtant il n’y a pas de fatalité. Le Réseau “Sortir du nucléaire” a publié une étude qui montre qu’il est possible de se passer totalement du nucléaire à brève échéance sans recourir à la magie, mais bien à des technologies éprouvées et reconnues, tant en matière d’économies d’énergie que d’énergies renouvelables. Cet article reprend en grande partie cette étude.

1/ Pourquoi sortir du nucléaire rapidement?
2/ Comment sortir du nucléaire ?
3/ Les points positifs à une sortie du nucléaire rapide
4/ Oui mais les énergies fossiles émettent du CO2

1/ Pourquoi sortir du nucléaire rapidement ?

Les dangers du nucléaire

En France, les réacteurs nucléaires vieillissent et se fragilisent.
En 2006, 739 “incidents” ont eu lieu sur le parc nucléaire. A tout moment, un accident nucléaire pourrait dévaster irréversiblement notre pays : est-ce acceptable ?
en savoir plus sur la sureté nucléaire

De plus, l'énergie nucléaire est loin d'être propre. Les rejets radioactifs et chimiques des réacteurs empoisonnent continuellement l’environnement.
Chaque année des milliers de tonnes de déchets hautement radioactifs sortent des réacteurs : à nous l'énergie, à nos enfants les déchets !
en savoir plus sur le nucléaire et l'environnement

Enfin, la technologie nucléaire, en conduisant à la prolifération des armes nucléaires, détruit tout espoir de paix. Le plutonium nécessaire à la fabrication des bombes atomiques est produit par les centrales nucléaires dites « civiles ».
en savoir plus sur les armes nucléaires

Le nucléaire a un coût, il inclue en autre :

Il est évident que le nucléaire n’est pas bon marché. Sortir rapidement du nucléaire contribuerait déjà à réduire ces coûts souvent masqués mais colossaux, dont le total dépasse déjà le millier de milliards d’euros.

Le choix du nucléaire ne tient pas compte de l'avis des français

Quelle est la démocratie dans laquelle les citoyens n’ont jamais pu s’exprimer sur les choix énergétiques? La France.
Or 78 % des Français souhaitent développer les énergies renouvelables pour qu’elles deviennent la source principale d’énergie (sondage Louis Harris 2007). Pourtant les décisions qui concernent le nucléaire sont toujours prises avant les débats publics et la politique énergétique est soumise au lobby nucléaire.

comment sortir du nucleaire Dessin de Lidwine

Le nucléaire n'est pas une solution au changement climatique

Le recours au nucléaire n’empêche pas une forte dépendance aux énergies fossiles, dont les émissions de gaz à effet de serre aggravent les conséquences du changement climatique.
La France a beau posséder le nombre le plus élevé au monde de réacteurs nucléaires par habitant (58 réacteurs), sa consommation d’énergie reste dépendante des énergies fossiles à près de 75 %.

Le nucléaire n’assure que 2,5% de la consommation énergétique mondiale. A l’échelle de la planète, même en multipliant par 3 le nombre de réacteurs nucléaires d’ici 2030, la réduction des émissions de gaz à effet de serre n’atteindrait pas 9 % et les réserves d’uranium seraient épuisées en 30 ans. Trop peu et trop tard pour avoir un réel impact. Seule la diminution des consommations d’énergie et le recours massif aux énergies renouvelables auront un effet positif sur le climat.

2/ Comment sortir du nucléaire ?

1- économiser l'énergie

Pour sortir du nucléaire, il faut d’abord mettre un frein aux gaspillages d’énergie. Grâce aux seules économies d’énergie, 23 réacteurs nucléaires pourraient être arrêtés sur 10 ans.

L’éclairage public est un gisement important d’économies d’énergie. La substitution des lampes les plus énergivores, des ballasts électroniques (éléments améliorant le rendement des lampes et accélérant leur allumage), ainsi que l’ajustement de l’éclairage aux besoins grâce à l’implantation de régulateurs, feraient économiser 70 % des consommations liées à l’éclairage en 10 ans.

Les bureaux : pour réduire significativement les consommations électriques, la création d’une norme de consommation d’énergie maximale est nécessaire sur l’ensemble des équipements électriques, tels qu’ascenseurs, systèmes de ventilation, électroménager et informatique.
Les anciens appareils les plus gourmands en énergie peuvent être à remplacer par des appareils sobres. Les ampoules à filament et halogènes peuvent être remplacées par des ampoules basse consommation ou des LED*.

Les habitations : L’éclairage des logements consomme la production de deux réacteurs nucléaires. Les ampoules à filament et halogènes epuvent facilement être remplacées par des ampoules économes. Ordinateurs, modems internet haut-débit, télévisions à écran plat: ces appareils consomment de plus en plus, qu’ils soient allumés ou éteints. Hormis le remplacement des appareils, l’accent doit être mis sur un comportement économe. Le branchement de tous les appareils de salon sur une multiprise avec interrupteur, éteinte après chaque usage, permet une économie sur les veilles égale à la production d’un réacteur nucléaire. Cette économie d’énergie repose d’abord sur la volonté de chacun mais une nouvelle norme devra imposer aux fabricants un seuil maximal sur la consommation en veille des appareils qui sera inférieure à 1 Wh.

Le chauffage : le chauffage électrique est le moyen de chauffage le plus coûteux et celui qui gaspille le plus d’énergie. Pourtant, 7 millions de ménages se chauffent à l’électricité en France. Les trois quarts de l’énergie
produite sont perdus à cause du faible rendement des grandes centrales de production d’électricité et des pertes sur le réseau électrique. Moins de 30% de l’énergie produite parviennent au consommateur sous forme d’électricité. Ainsi, c’est l’équivalent de la production de 13 réacteurs nucléaires qui est, en grande partie, gaspillée dans le chauffage, l’eau chaude et la climatisation des logements. C’est pourquoi le chauffage électrique est à prohiber dans les nouvelles constructions et les rénovations.
La climatisation, parce qu’elle consomme beaucoup d’électricité, pourrait être remplacée par des alternatives qui reposent d’ailleurs sur le bon sens: construire selon les règles de l’architecture bioclimatique, c'est à dire en prenant en compte l'orientation et l'isolation de la contrustion pour réduire les consommations d'énergie, poser des protections solaires sur les fenêtres ou tout simplement renforcer l’isolation du bâti, ce qui économisera l’énergie, été comme hiver.

L'isolation : la mauvaise isolation des logements provoque des gaspillages aberrants. Les logements anciens consomment, à confort égal, 3 fois plus d’énergie que les logements construits aujourd’hui. A l’échelle du pays, un plan de rénovation de l’isolation du bâti ancien aura pour but de réduire les consommations en renforçant l’isolation des parois, en doublant les vitrages, et en installant des récupérateurs de chaleur de l’air ventilé.

Réduire les exportations :
l’Etat français asurévalué la consommation d’électricité à venir lors de la construction du parc nucléaire, il y a 30 ans. Il y
a donc trop de réacteurs nucléaires en France et l’électricité excédentaire est vendue à l’étranger. En réduisant les exportations sans pour autant les arrêter tout à fait, l’économie réalisable immédiatement représente 11,5% de la production électrique nationale.

2- Remplacer l'électricité nucléaire par l'électricité issue d'énergies renouvelables

La France possède des gisements d’énergies renouvelables encore inex-
ploités. Eolien, biomasse et solaire photovoltaïque: leur développement à
grande échelle permettrait de produire autant que 25 réacteurs nucléaires en 10 ans. Cependant, il est techniquement difficile sur des délais aussi courts d’obtenir suffisamment d’électricité grâce aux énergies renouvelables pour répondre à la totalité des besoins et ce malgré des économies d’énergie significatives. Le recours provisoire aux énergies fossiles permet de passer le cap et de réussir la transition de sortie du nucléaire.

3- La cogénération

La cogénération consiste à produire de l’électricité avec un moteur et à récupérer la chaleur dégagée au lieu de la laisser se perdre. Le moteur peut être alimenté par du bois, du gaz naturel ou tout autre combustible. Cette technique économise le combustible en produisant à la fois électricité et chaleur. La cogénération a un rendement énergétique de 80 à 90 %, contrairement à un moteur classique dont le rendement dépasse difficilement 40 %. Le recours à la cogénération avec les énergies fossiles permet de diminuer les émissions de gaz à effet de serre par rapport à des productions séparées d’électricité et de chaleur. La cogénération servirait principalement à remplacer les chaudières à gaz et au fioul ainsi que le chauffage électrique.
Les installations de cogénération se rentabilisent rapidement grâce à la revente d’électricité produite en surplus. La production à petite échelle en cogénération représente un investissement moindre que le recours à l’énergie issue des centrales de grandes dimensions car l’énergie ne doit plus être transportée sur de longues distances, d’où une économie d’environ
10 % sur le coût de l’électricité.


3/ Les points positifs à une sortie du nucléaire rapide

- Le risque d’accident nucléaire diminue dès les premiers réacteurs fermés pour quasiment disparaître à la fermeture de toutes les installations nucléaires.

- Les efforts de maîtrise de l’énergie et le développement des énergies renouvelables vont créer beaucoup d’emplois.
A elle seule, une campagne nationale de rénovation de l’isolation du bâtiment ancien générerait 100 000 emplois et le développement des énergies renouvelables créerait au moins 100 000 autres emplois en l’espace de 5 ans. Une utopie ? Seulement 7 ans après avoir décidé de sortir du nucléaire, l’Allemagne comptait 235 000 emplois permanents dans le secteur des énergies renouvelables.

- L’indépendance énergétique s’améliorerait : en 2006, 88 % des ressources énergétiques** étaient importées pour produire l’électricité. La sortie du nucléaire en 10 ans permettrait de ramener les importations à 30 %. Les économies d’énergie et le recours aux énergies renouvelables compenseraient le surcoût de la mutation énergétique du pays. A moyen terme, la facture énergétique de la France baisserait.

- la production d’énergie en France serait issue d'une combinaison de différentes sources d’énergie. Ainsi, la France ne dépendrait plus à 78 % d’une seule source : le nucléaire et son combustible, l’uranium, entièrement importé.

5/ Oui mais les énergies fossiles émettent du CO2

Les énergies fossiles représenteraient 30 % de la production d’électricité si on souhaite sortir du nucléaire en 10 ans. C’est pourquoi, parallèlement à la sortie du nucléaire, des mesures doivent être prises dans les secteurs qui émettent le plus de gaz à effet de serre : les transports, le bâtiment et l’agriculture intensive.
- Limiter l'usage abusif des engrais dans l'agriculture,
- Limiter la consommation d’essence des véhicules privés,
- Réduire de 10 km/h la vitesse sur les autoroutes.
Ces trois mesures, appliquées avec détermination, compenseraient le surcroît d’émissions de gaz à effet de serre lié à la sortie du nucléaire.

ÉNERGIES RENOUVELABLES


En théorie, une heure d’ensoleillement de la planète suffirait à fournir l’énergie consommée par le monde entier pendant une année. Qu’elles utilisent la lumière du soleil, la chaleur, ou le vent, les énergies renouvelables sont quasiment inépuisables, elles favorisent des emplois durables et locaux, ne polluent pas, et sont moins onéreuses et infiniment moins dangereuses que l’énergie nucléaire ou les énergies fossiles.

Aujourd’hui les énergies renouvelables font preuve d’un fort dynamisme et peuvent répondre à une part importante de la consommation d’un grand pays industriel, et par là, renforcer son indépendance énergétique.

Pour plus d'informations et pour avoir des détails chiffrés, téléchargez l'étude du réseau Sortir du nucléaire :

Téléchargez le pdf de l'étude complète (8Mo)
Téléchargez le pdf de la synthèse (3Mo)

*les LED sont des ampoules qui consomment 10 fois moins et durent 100 fois plus longtemps que les ampoules classiques à incandescence.
**Il s'agit de l'uranium, du pétrole et du charbon.

Source : site du Réseau Sortir du nucléaire

Pour en savoir plus : http://sortirdunucleaire.org/

Savoir plus sur :
le risque d'accident nucléaire
Savoir plus sur :
le lobby nucléaire
Voir quelques gestes au quotidien pour
économiser l'énergie
Des éoliennes plus performantes, c'est possible
Définitions
Historique
Les armes nucléaires
Les centrales nucléaires
Le nucléaire médical
État des lieux des énergies
La France nucléaire
Conséquences
L'avenir du nucléaire
Un choix français :
le chauffage électrique
Le nucléaire en Bretagne
Tchernobyl et
l'Europe de l'Est
1957 : l'accident de Mayak en urss
L'Allemagne
Niger et Gabon : contamination à l'uranium
L'Inde
Nucléaire et environnement
Accidents nucléaires
et terrorisme
Risques sur la santé
Déchets radioactifs
Transports
à haut risque
Nucléaire militaire : une menace réelle
L'énergie nucléaire n'est pas gratuite !
Halte au gaspillage !
Énergie solaire
Biomasse
Énergie éolienne
Hydroliennes
Énergie hydraulique
Géothermie
Habitat bioclimatique
Démarche Négawatt
Fournisseurs d'électricité verte
Nucléaire et démocratie
Sureté nucléaire ?
Le lobby nucléaire
Le réacteur ITER
Nucléaire : solution à l'effet de serrre ?
Le nucléaire n'est pas renouvelable
Les travailleurs du nucléaire
Les oppositions
Qu'est ce que le nucleaire ?
Le cas de la france
le reste du monde
Les dangers du nucleaire
Les solutions
Les actus
indication menu
lien vers definition
lien vers la rubrique cas de la France
lien vers le reste du monde
lien vers les dangers
lien vers les solutions
lien vers les actus
actualite nucleaire

Liens utiles - - - Glossaire - - - FAQ (foire aux questions) - - - Inscription newsletter - - - Plan - - - Actualités du nucléaire - - - Archives : anciens articles
Énergie nucléaire ? - - - Nucléaire en France : une exception - - - Nucléaire dans le monde - - - Risques & dangers du nucléaire - - - Solutions pour sortir du nucléaire
Mentions légales